Des artistes et des chats
Septembre - décembre 2025, La Galerie, centre d'art contemporain Noisy-le-Sec
Commissaire Marc Bembekoff
Commissaire Marc Bembekoff
Sable, chaise longue chilienne, verre à cocktails, impressions sur couverture de plage, installation sonore, Dimensions variables , 2025 M’barka Amor ©Adagp
Photo ©Salim Santa Lucia
Cat People
Volontairement ironique, cette exposition se veut un reflet a priori séducteur de notre monde en présentant le travail
d’artistes inspiré·es par la figure féline. « Cat People » – dont le titre fait référence au film de Jacques Tourneur
réalisé en 1942 – tente d’illustrer cette relation décrite par Jacques Derrida dans
L’Animal que donc je suis, dans ce
que l’animal révèle de l’humain. Comment nous projetons-nous, comment abordons-nous l’autre à travers la figure
domestique du chat ? Le chat nous rassure, d’où la recrudescence de vidéos de petits chats mignons sur les réseaux
sociaux, mais le chat peut également nous inquiéter et renvoyer symboliquement aux maux qui traversent nos sociétés
occidentales en crise.
L’exposition « Cat People. Des artistes et des chats » aborde cet attachement complexe qui nous lie aux chats à travers
différentes entrées thématiques comme l’anthropomorphisme, le chat errant, l’ergonomie animale, le kitsch.
Avec les oeuv"Acte manqué" re provocation et poésie, le titre de l’installation artistique de la plasticienne M’barka Amor est à lui seul une invitation à réfléchir.
www.lagalerie-cac-noisylesec.fr
Sable, chaise longue chilienne, verre à cocktails, impressions sur couverture de plage, installation sonore, Dimensions variables, 2025 M’barka Amor ©Adagp
Photo ©Salim Santa Lucia
Pour son installation Que ferais-je si je ne trouvais même pas un chat à caresser? S'il y avait au moins un chat, un chat!!
(2025), M'barka Amor est partie de vidéos trouvées sur les réseaux sociaux de Gazaouis qui sauvent leurs chats - courtes séquences filmées et photographies qui ont envahi la toile depuis le 7 octobre 2023 et ses violences. Ce que les chats de Gaza nous apprennent, c'est que le traumatisme de la Palestine est multi-espèces: avec une bande-son dans laquelle elle miaule des complaintes, M'barka Amor rend compte de la manière dont ces chats sont autant affectés par les bombardements que les Palestinien•es dont le territoire est détruit pour que Donald Trump y fantasme une nouvelle riviera.
Insaisissable est le chat.
Sable, chaise longue chilienne, verre à cocktails, impressions sur couverture de plage, installation sonore, Dimensions variables, 2025 M’barka Amor ©Adagp
Photo ©Salim Santa Lucia
Que ferais-je si je ne trouvais même pas un chat à caresser ?
S’il y avait au moins un chat, un chat !
Je suis un chat de Gaza
pas un symbole
pas une métaphore
Je suis né ici
Entre les pierres
Sous les toits troués
Je connais la chaleur des incendies
Le goût de la poussière
Le silence après le fracas
J’ai vu les enfants courir sans nom
J’ai vu les mères pleurer sans fin
J’ai vu les maisons disparaître
J’ai vu l’horizon devenir mur
Et pourtant je suis resté
Fou je suis devenu
Mes yeux ouverts
Ma peau de suie
Je ne comprends pas
Je cherche juste un rayon de lumière
Un souffle chaud
Un visage calme
Personne ne viendra me chercher
Je le sais c’est définitif je suis seul
Mon frère n’a pas eu de sépulture
Il est tombé sur une dalle
Entre deux murs
Comme tombent les ombres
Je l’ai veillé sans bruit
Le monde est passé à côté
Mais moi, j’étais là
Je suis un chat de Gaza
Je marche sans bruit
Je ne demande rien
Je suis libre malgré tout
Je n’ai pas besoin de discours, j’ai vu la vérité
Je n’ai pas quitté Gaza
Je ne partirai pas
Je suis la poussière et la tendresse
Le silence qui insiste
Je suis ce qui reste
Que ferais-je si je ne trouvais même pas un chat à caresser ?
S’il y avait au moins un chat, un chat ! - 2025 M'Barka Amor ©Adagp